Attentats aux enveloppes

Des enveloppes contenants des substances douteuses ont été envoyées à plusieurs endroits en même temps, à Montréal, Québec et Sherbrooke. Ce qui a mis en branle un protocole de sécurité, incluant la mise en quarantaine des gens présents et la mobilisation d’ambulances qui auraient du être en train de répondre à d’autres appels.

Les endroits ciblées sont:
-Les bureaux de Loto-Québec
-Les bureaux de la Conférence des recteurs
-La tour Quebecor
-L’édifice du réseau TVA
-L’édifice de La Presse
-Le conseil du Patronat
-Radio-Pirate
-Le bureau de Pierre Arcand
-Le bureau de Gerry Sklavounos
-Le bureau de Jean Charest
-Le bureau de Michelle Courchesne
-Le Bureau de Jean-Marc Fournier
-Le bureau de Christine St-Pierre
-Le bureau de Monique Gagnon-Tremblay
-Le bureau de Yves Bolduc

Difficile de ne pas faire de lien avec le conflit étudiant.

Même s’il semble qu’il ne s’agit que de bicarbonate de soude qui a été envoyé, il s’agit quand même d’un acte terroriste.

Le but du terrorisme est d’induire un état de peur et d’insécurité. Les gens qui ont été ciblés sont en droit de craindre un prochain envoi, qui pourrait être plus dangereux. Plusieurs personnes ont toutefois eu « une peur atroce », relate Yannick Ouimet, du SPVM.

Cette crainte de manifestations violentes et d’attentats dans le métro (briques sur les rails et bombes fumigènes) avait déjà commencé à avoir un effet négatif sur le tourisme et sur l’état d’esprit des citoyens. Cette nouvelle attaque ne va qu’empirer les choses.

Qu’importe la cause, qu’elle soit légitime ou pas, la violence et le terrorisme n’ont pas leur place en démocratie.

Il faut mettre un terme à ces menaces, violence, intimidation et maintenant attentats terroristes. On ne peut pas céder devant ça. Le gouvernement devrait rompre les liens avec les étudiants et imposer la hausse originale. Les étudiants ont voulu aller trop loin et ils doivent en payer le prix, qui n’est pas si élevé que ça financièrement. Si les coupables sont arrêtés et qu’ils sont des étudiants, le vrai prix qu’ils doivent payer c’est perdre la face pour avoir utilisé des moyens inacceptables dans leur lutte. Aux prochaines élections, ils vont se le faire douloureusement rappeler. La population ne veut pas d’une révolution communiste, et n’accepte pas la violence, encore moins pour des raisons aussi futiles que 50 cents par jour d’augmentation. On a des problèmes bien plus criants et plus importants que ça au Québec. L’argent serait mieux utilisé pour rembourser notre énorme dette, en santé ou pour aider les personnes âgées, au lieu d’en donner plus à une classe déjà privilégiée: les étudiants.

Ce qui me décourage le plus, c’est de voir sur les réseaux sociaux des centaines de personnes essayer de dire que ce sont les libéraux qui ont organisé ça pour justifier les lois plus sévères. Ils disaient la même chose lors des attentats à la bombe fumigène dans le métro, et pourtant c’était des étudiants ex-membres de la CLASSE, proche de groupes anarchistes qui avaient fait ça. Ca ne les empêche pas de répandre encore leurs théories conspirationnistes qui ne font que montrer à quel point ils sont aveuglés par la haine.

«La haine comme facteur de lutte, la haine intransigeante envers l’ennemi, qui pousse au-delà des limitations naturelles de l’être humain et le transforme en une efficace, violente, sélective et froide machine meurtrière».

-Che Guevara

Les révolutions socialistes commencent avec de belles paroles, mais se terminent dans la violence.

19 Responses to Attentats aux enveloppes

  1. crioux dit :

    Et voici la lettre contenue dans les enveloppes (cliquez pour version complète):

  2. jeanlucproulx dit :

    Le FM 93 à Québec en a également reçu!!!

  3. zarmaghz dit :

    Plus il y a d’enveloppes, plus il y a des chances d’y trouver une ou des empreintes…

  4. clauday dit :

    Que les leaders étudiants ont été chanceux, eux n’ont pas reçu d’enveloppes. Est-ce leur nouveau nom : Forces armées révolutionnaires du Québec? C’est un nom qui leur irait à merveille!

  5. jeanlucproulx dit :

    CHOI-FM, Éric Caire et Sam Hamad ont reçu ce genre d’enveloppes, aujourd’hui!!! J’attends toujours de savoir si Radio-Canada, Le Devoir, Le Voir, le PQ, QS et la CSN en ont reçu!!!

  6. L'engagé dit :

    Pour ceux qui ont Facebook :

    (Pour supporter l’évidence des propos de Rioux)

    «Le but du terrorisme est d’induire un état de peur et d’insécurité. Les gens qui ont été ciblés sont en droit de craindre un prochain « envoi »»

    «Qu’importe la cause, qu’elle soit légitime ou pas, la violence et le terrorisme n’ont pas leur place en démocratie.»

    «Il faut mettre un terme à ces menaces, violence, intimidation et maintenant attentats terroristes. On ne peut pas céder devant ça.»

    «Ce qui me décourage le plus, c’est de voir sur les réseaux sociaux des centaines de personnes essayer de dire que ce sont les étudiants qui ont organisé ça pour justifier une mobilisation plus sévère Ca ne les empêche pas de répandre encore leurs théories conspirationnistes qui ne font que montrer à quel point ils sont aveuglés par la haine.

    Source de la violence? L’organisation du SPVM
    Qui donne les ordres politiques? Le gouvernement…

  7. L'engagé dit :

    «Qu’importe la cause, qu’elle soit légitime ou pas, la violence et le terrorisme n’ont pas leur place en démocratie.»

    «Il faut mettre un terme à ces menaces, violence, intimidation et maintenant attentats terroristes. On ne peut pas céder devant ça.»

    Un exemple parmi tant d’autres de la dérive d’un gouvernement qui s’appuie sur la répression gérer une crise sociale qu’il a lui-même alimenté : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=xivSiWpsCxw#!

    Vous allez me dire « ya juste à obéir» . Ben c’est ça on ferme notre gueule et on marche au pas?

    • Non, il y a des moyes démocratiques, ça s’apelle aller voter quand c’est le temps. Une chose que les jeunes ne vont pas faire.

      • L'engagé dit :

        La démocratie, c’est pas juste le vote… La participation à la délibération dans l’espace publique, ce qui inclut la liberté d’association et d’expression, ça aussi c’est la démocratie.

        De plus, voici le programme libéral de 2008 en matière d’éducation supérieure :
        Nous allons augmenter le nombre de professeurs dans
        les universités, et développer une expertise de calibre
        mondial dans le domaine des sciences de l’éducation,
        de la santé et de l’environnement.
        • Afin d’accélérer le développement de créneaux
        d’excellence dans les universités de plus petite taille
        en régions, nous allons accroître de 5 % l’effectif total
        des professeurs dans ces créneaux spécifiques. Nous
        appuierons également les efforts de recrutement
        de professeurs de calibre international.
        • Nous allons continuer d’indexer les principaux
        paramètres du régime d’aide financière aux études

        Il n’est pas question des droits de scolarité… quel contrepoids existe-t-il lorsqu’un gouvernement impose des mesures qui ne sont pas dans son programme?

        Et la séparation des pouvoirs, ça vous dit quelque chose? Ici, le système parlementaire fait justement du PM un quasi monarque, qui détient le législatif et l’exécutif. Même le judiciaire facilite l’exécutif, pendant que la police obéit à des commandes politiques…

        Avez-vous assité à une audience du juge Rolland lors d’une injonction? Rassembler toutes les injonctions et les juger seul, c’est pas une dérive dangereuse? Il ne laissait plus plaider les avocats, prétendant avoir entendu tous les argument lors d’autres injonctions… Bel exemple d’indépendance du judiciaire qui légitimait le principe du «boycott»…

  8. L'engagé dit :

    Autre exemple :

    Statut de Nicolas Lontel

    «Bon, je me suis un peu calmé, j’ai dû pleurer pendant plus de 15 minutes. Merci aux deux secrétaires de littérature française d’être venues quelques minutes me parler.

    Aujourd’hui, j’ai été fouillé par la police. J’ai été F****** fouillé par la police!

    Je voulais aller faire de la recherche à l’université, je me suis dit : je vais rapporter deux des pancartes que j’ai avec moi. Mauvaise idée apparemment.
    Arrivé au terminus Longueuil, je constate la présence de beaucoup de policiers. Un peu avant mon entré dans le métro, on m’interpelle: « Vous n’avez pas le droit aux pancartes dans le métro ».
    Okay, j’hésite un peu avant de les donner, mais je finis par les donner rapidement.

    « Qu’est-ce qu’il y a dans votre sac? »
    Choc.
    « Euh… Vous n’avez pas le droit de fouiller dans mon sac… »
    « Si vous passez ces portes, on a le droit de fouiller dans votre sac »
    Choc.
    « En vertu de quelle loi vous avez le droit de fouiller mon sac? »
    « C’est la loi. Vous êtes un citoyen responsable? Vous allez nous montrer ce qu’il y a dans votre sac » [Apparemment, être un citoyen responsable, c’est laisser les policiers bafouer nos droits]
    « Je vous montre le contenu de mon sac si vous êtes capable de me produire la loi qui montre que vous avez le droit de me fouiller » [me voilà devenu provocateur :), en fait j’étais mort de trouille, au moins 6 policiers m’avaient encerclés de toutes parts, je ne sais pas s’il y en avait plus derrière, j’avais vraiment, mais vraiment peur: ils avaient des matraques ET DES FUSILS!]
    « Vous franchissez cette porte, on vous fouille monsieur »
    « Okay! Okay! Je veux juste faire de la recherche à l’université, je vais vous montrer ce qu’il y a dans mon sac, je veux juste aller à l’université » [j’ai laissé tomber les droits que je croyais avoir parce que je ne voulais pas qu’on m’arrête, j’étais en train d’imaginer les policiers me sauter dessus pour m’immobiliser]
    Je montre mon classeur et mon livre.
    « C’est bon. »
    Un autre:
    « Qu’est-ce qu’il y a dans la pochette avant? »


    Je sors:
    Mon portefeuille, ma montre, ma carte de bus, du maquillage, des kleenex [qui m’ont servi], du ruban adhésif et je nomme chacun des objets en les sortant.
    « C’est bon, merci. »
    On me laisse là seul.
    Pendant tout le trajet, je ne dis pas un mot, parce qu’il y a des policiers dans chaque wagon de métro, à chaque station.
    Arrivé au soulier de satin (local de littérature), je fonds en larme.
    […]
    Dans quel genre de société on vit si la police t’intimide jusqu’à temps qu’ils aient le droit de voir le contenu de ton sac, je suis persuadé qu’ils l’auraient fouillé si j’étais rentré dans le métro. C’est quoi mes droits en ce moment? Où est-ce que je peux me plaindre de la police? À la police elle-même? C’est quoi cette société de m**** où on a le droit de fouiller M./Mme Tout-le-monde qui nous plaît. C’est quoi? Une dictature? Oh! S’cusez, j’ai utilisé le mot dictature, c’est chien pour les gens qui ont le droit de se faire fouiller tout le temps dans des pays opprimés. C’est vrai que la comparaison n’est pas du tout valable.

    Je suis supposé faire quoi dans une société où les « gardiens de la paix » me font maintenant peur? Parce que maintenant, j’ai peur des policiers, j’ai peur qu’ils m’arrachent mon sac pour le fouiller. J’ai peur qu’ils m’arrêtent parce que je ne voulais pas qu’il me fouille. Parce que j’ai peur. Parce que j’ai peur de la police.

    Parce que je vis maintenant dans la peur.
    Merci gouvernement.
    Merci messieurs les vendeurs de peur. »

    Merci Nicolas

    La démocratie ça devrait être l’absence de profilage (politique ou autre) et pas de menaces arbitraires.

    La démocratie c’est que ces valeurs doivent être défendues et que ce sont des principes supérieurs à «l’ordre»… Parce que ce sont ces principes justement qui protègent tous les citoyens d’une dérive plus grave.

    Contrairement à un régime totalitaire ou à une dictature, en démocratie, il est justement légitime de perturber (tant que c’est pacifique on s’entend), cette possibilité même est garante du droit et de la pérennité des institutions.

    Donc s’il y a répression et intimidation de la part des forces de l’ordre pour un motif politique, alors c’est une entrave à la démocratie, car on utilise la violence de l’État pour casser un mouvement et son élan.

  9. L'engagé dit :

    Témoignage officiel :

    Voulant vérifier la prétention selon laquelle il y avait du profilage politique et une répression contraire aux droits, des journalistes ont voulu en avoir le coeur net :

    Carrés rouges, vos papiers!

    Sont-ils réels, ces contrôles d’identité dans le métro pour les porteurs de carrés rouges, dont on entend parler depuis le début du Grand Prix de Montréal? Ceux qui affichent être contre la hausse des frais de scolarité se font-ils désormais fouiller, inviter au poste de police le plus près, comme on le raconte sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures? Samedi, deux journalistes du Devoir ont entrepris de tirer l’affaire au clair en épinglant sur leur poitrine des carrés rouges avant de s’engouffrer dans la gueule du métro. Résultat? Interpellation rapide, détention pour fin d’enquête. «On fait juste ça, du profilage criminel», a indiqué de suite un des agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) lors de la fouille de nos journalistes.

    Samedi, 13h50: Sous le plein soleil, les journalistes Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde se retrouvent Place Émilie-Gamelin. Sacs au dos, ils s’épinglent chacun un carré rouge, elle ajoute de plus un carré noir. Lui porte un foulard, rouge, autour du cou, ample, qui laisse son visage à découvert. Elle, sous le bras, trimballe deux grands cartons blancs. Des pancartes? Même pas, ni des affiches. Juste deux larges cartons, vierges. Direction: métro Berri-UQAM.

    Dans le métro, avant d’accéder au quai, Raphaël se fait interpeller. Quatre policiers demandent à fouiller son sac «pour raisons de sécurité.» Les agents du SPVM sont fermes et courtois. «On fouille tout le monde, indique l’agente Norbert, parce qu’on s’est fait lancer des bouteilles de bière en feu hier. On a même fouillé un gars qui avait sa poche de hockey.» Pourtant, Catherine est passée sans problème.

    Sur les quais du métro, quelques minutes plus tard, nos journalistes, toujours non identifiés, demandent à une demi-douzaine de personnes, de tous âges, portant des sacs plus gros que les leurs, s’ils se sont fait fouiller. Cinq répondent non. Le seul qui a vécu la même expérience est un jeune homme, dans la vingtaine, qui portait le carré rouge au moment où il s’est fait intercepter.

    Direction: Parc Jean-Drapeau, sur l’île Sainte-Hélène, où se trouve le site du Grand Prix de la F1. La présence policière est très, très forte. Un agent par wagon de métro, au moins une demie-douzaine à la sortie, certains criant le chemin à suivre pour assurer la fluidité de la circulation. Trois camionnettes de la police sont bien en vue, collée sur les portes du métro. Impossible de faire quinze pas sans croiser un nouvel agent. La foule est dense, familles ou groupes d’amis se dirigent vers l’entrée officielle, plusieurs avec une glacière au bout du bras. Les journalistes, toujours incognito, suivent ce flot sur quelques mètres.

    En retournant vers le métro, histoire de rebrousser chemin, les deux journalistes croisent François Arguin, 37 ans, microcaméra au poing, qui filme, dit-il, toutes les manifestations depuis le début de la grève étudiante, et qui les aborde, étonné de voir des carrés rouges en ce lieu. «Moi je n’ai pas mis le mien exprès parce que je voulais pouvoir filmer sans problème.»

    Quelques mètres plus tard, à quelques secondes des portes du métro, plusieurs policiers enserrent le trio, qui poursuivait sa marche, «pour fouiller vos sacs et vous demander de répondre à des questions». Deuxième fouille, donc, en moins de quinze minutes. Un groupe d’agent est formé autour de Raphaël Dallaire Ferland et Catherine Lalonde, un autre autour de François Arguin. Ils sont, en tout, seize agents pour trois individus. L’attitude, pour la même intervention, est beaucoup, beaucoup plus nerveuse que celle adoptée par les agents qui patrouillaient le métro.

    Les journalistes coopèrent, mais retournent une question pour chacune qu’on leur pose. Pourquoi nous fouiller? «Parce que vous arborez un signe révolutionnaire», répondra un agent, visiblement excédé, «pis parce que je suis tanné du monde comme vous.». Il porte une gaze à l’avant-bras, qui semble protéger une blessure. Pourquoi nous? N’est-ce pas du profilage? «On fait juste ça, du profilage criminel», poursuit le même agent. Le parc Jean-Drapeau ne serait plus un lieu public ? «Aujourd’hui, c’est un lieu privé ouvert au public,» enchaîne un autre, sortant des sacs une mangue, un programme de saison de danse, des carnets de notes, des stylos. Rien d’illégal, rien qui ne laisse présager aucune intention criminelle. Pourquoi ne pourrions-nous pas en être? «Les organisateurs ne veulent pas de vous ici.» Le SPVM, aujourd’hui, répond donc aux besoins et désirs des organisateurs du Grand Prix ? «Tout à fait,» dira le matricule 5323, le répétant fièrement une deuxième fois lorsqu’on lui redemandera.

    À la demande des journalistes, les deux principaux agents donnent leurs numéros de matricule, insistant pour qu’on les écrive. «Prenez-les, vos notes, pour la déontologie pis toute. Vous appellerez mon patron, monsieur Simoneau, il va être content de vous entendre dire que je fais une bonne job. Envoye, Préfontaine, donne-le ton matricule toi aussi, t’es-tu game?», nargue le matricule 5323, qui ne semble pas craindre un seul instant le moindre recours. Un seul agent, après avoir donné son numéro, ajoutera plus humainement «Moi c’est Stéphane, by the way.»

    Les agents demandent aux journalistes de s’identifier. État d’arrestation? «Vous allez rencontrer un enquêteur, à cause de vos intentions criminelles.» Était-ce la bouteille d’eau découverte dans le sac qui dévoilait quelques volontés malveillantes ? Ou le pull ? Pourquoi des intentions criminelles ? «Arrête de nous écoeurer avec tes questions,» sera la réponse dont on devra se contenter.

    Pas besoin d’aller au poste, l’enquêteur est sur place. Direction: un carré d’herbe juste devant la Biosphère, transformée en poste de police en plein air. Un homme y est menotté, un drapeau fleurdelisé chiffonné entre ses mains. Une jeune femme, menottée, mais souriante, se joindra plus tard au groupe. François Arguin survient, escorté, en colère: ses menottes le font souffrir, on lui a confisqué sa caméra. «On ne sait pas ce qu’il va faire avec ses images», indique un agent. «Par une journée comme aujourd’hui, ça suffit pour être envoyé chez l’enquêteur», précise un autre. On oblige Arguin à s’asseoir, sans lui demander de le faire, en lui pressant fermement l’abdomen. «Man, c’est comme un camp de concentration light, icitte.» L’agent blessé au bras monte le ton: «Tu penses que c’est ça, un camp de concentration ? J’ai eu de la famille, moi, dans des camps de concentration, t’as aucune idée de quoi tu parles. Ça n’a rien à voir, parle pas de ça.» Un gradé surgit, et un des agents nous indique que voilà le patron et enquêteur. On en déduit qu’il s’agit de Simoneau. Arguin continue d’essuyer la colère de l’agent. «Je peux-tu lui montrer c’est quoi, un camp de concentration ?», demande ce dernier à son chef. Réponse: «Non. Y’a des caméras.»

    Attente. Les journalistes tentent de connaître l’état de leur situation. Il leur faudra insister à de nombreuses reprises, en appeler de leurs droits pour arracher un «vous êtes détenu pour enquête.» Après une dizaine de minutes, on les informe qu’ils ne seront «pas détenus, finalement. Nous allons vous expulser du site. Vous pouvez juste prendre le métro vers Berri ou Longueuil.» À partir de ce moment, l’attitude des policiers change, beaucoup plus pondérée. Arguin se fait remettre sa caméra. Les agents ont effacé, sans son consentement, les images qu’il avait prises sur le site. Pourquoi cette libération soudaine, après la prise d’identités des journalistes ?

    Le trio est escorté jusqu’au métro par trois agents. On entend le Matricule 3121, au téléphone, en chemin, dire à son interlocuteur «aucun détenu sur les trois. J’suis déçu.» Ce n’est qu’au sortir du wagon, métro Berri-UQAM, que nos journalistes sentent qu’ils ont récupéré leur pleine liberté de circuler.

    Par Catherine Lalonde et Raphaël Dallaire-Ferland

    Voilà à quoi servent les prétention au terrorisme, à suspendre les droits et justifier des abus pour des raisons politiques. Où est donc l’intimidation?

    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352102/recit-d-un-petit-voyage-en-metro-avec-un-carre-rouge

  10. L'engagé dit :

    Témoignage de Philippe Lebon (sur FB)

    ‎::QUESTIONS AUX GENS ARBORANT LE CARRÉ ROUGE:: Très tôt ce matin, je suis allé reporter un camion de location chez Jean Légaré.. Quand je suis entré dans le métro Préfontaine (pas très achalandé), trois policiers m’ont encerclé. Ils m’ont demandé qui j’étais et où j’allais après avoir fouillé mon sac (avec un petit carré rouge de 3cmX3cm) contenant quelques partitions et le traité des couleurs de Goethe. À la blague, n’ayant rien à me reprocher, j’ai répondu que j’étais un être humain se dirigeant vers l’avenir. Deux policiers mon alors agrippé par les bras pendant que le troisième ouvrait mon porte-feuille prenant en note mon identité et vidant tout l’eau que contenait ma gourde dans la poubelle. Je suis resté calme même si j’avais très envie de me débattre. J’ai demandé si j’étais en état d’arrestation, pourquoi est-ce qu’ils me maintenaient immobile de la sorte (expliquant que je n’étais pas une menace pour personne), quels sortes d’ordres avaient-ils reçu pour agir ainsi avec un simple citoyen ayant payé son titre de transport collectif et finalement leur matricule. Mes questions son resté sans réponses.. j’ai tout de même vu et mémorisé leur matricule. Quelques minutes plus tard, quand le wagon a ouvert ses portes ils m’ont dit: «C’est bon, vas-t-en» en me desserant les bras seulement à l’interieur du wagon et sont ressortis. N’ayant pas eu de réponses à mes questions, j’allais ressortir histoire de discuter avec eux. Un des policiers m’a alors violemment poussé dans le wagon, tellement que j’en suis tombé par terre en me criant: «Des criss d’innocents comme toi ne devraient pas avoir le droit de vivre!». Fiewww, une chance que j’étais innocent!! Je crois toujours être un être humain, par contre, je ne sais plus trop vers quoi je me dirige..
    QUESTIONS
    1) Comment puis-je faire une plainte au SPVM?
    2) Est-ce que la police a le droit de faire du profilage de la sorte?
    3) Est-ce que la police à le droit de pousser un innocent de la sorte?
    3.5) Est-ce que la police a le droit de m’injurier alors que je suis resté poli et courtois?
    4) Est-ce que j’avais le droit de me débattre quand ils m’ont aggrippé?
    5) D’après vous qu’est-ce qui ce serait passé si je m’étais débattu?

    Ps: Tout ça dans la station qui porte le nom de Raymond-Fournier Préfontaine!

  11. crioux dit :

    C’est quoi le rapport tous tes « témoignagnes »?
    Il n’y aurait pas d’opérations policières s’il n’y a vait pas de bonnes raisons. Ils en ont arrêté plusieurs avec des répliques d’armes et autre matériel pour faire des actes criminels.
    Durant les grand prix précédenta il n’y avait pas tout ça parce qu’il n’y avait pas d’apprentis criminels qui tentent de tout saboter. Et quand on voit les attentats au fumigènes et au simili-anthrax, ils donnent raison aux policiers.

    • jeanlucproulx dit :

      Il ne faut pas se surprendre que l’engagé défende encore l’indéfendable!!! Moi, j’ai cessé de le croire démocrate et humaniste lorsqu’il a qualifié, ici même sur ce blogue, en mars 2011, le meurtre d’une famille juive entière en Judée-Samarie par des terroristes palestiniens de «meurtre privé»!!!

      Comment se fait-il que AUCUN de nos médias ne parle de ça?

      L’engagé a perdu toute la crédibilité qu’il pouvait lui rester, ainsi que toute autorité morale à commenter quoi que ce soit, en ce qui me concerne, en se pendant avec sa propre corde, à mes yeux!!!

    • L'engagé dit :

      Le rapport avec les commentaires est assez évident, le terrorisme et la violence n’est pas là où vous le voyez.

      Quelles sont vos sources? Monsieur Simoneau, un de chefs du QG du SSPVM au centre-ville? Pas la première fois que cette andouille raconte n’importe quoi pour justifier ses dérives. La différence, c’est que moi, je n’écoute pas seulement Simoneau à la tivi, j’ai pu lui parler, avec d’autres et on a multiplié les cas d’abus dont nous avion été victimes et le confondre dans ses contradictions…

      Et puis, ça serait vrai pour «les répliques et le matériel» que ça ne justifierait pas les abus de pouvoir des derniers jours.

      En quoi cela donne-t-il le pouvoir arbitraire de suspendre les droits de tous les autres qui n’ont rien dans leur sac? Et en quoi la «non-perturbation» du Grand Prix est-elle plus importante que la suspension des droits des autres qui n’auraient pas fait d’actes criminels? Ceux qui auraient été lésés par la présence de manifestants au casserole au GP sont plus importants que les tapeux de casserole? C’est ça votre point? Ça justifie que l’on prive les «tapeux» de la possibilité de se rendre à l’île? Le problème, il est dans le fait que si on a pas le droit d’y aller, ça veut dire qu’il y a deux classes de citoyens. Ceux qu’on peut intimider et abuser, et les autres qui ont leur billet.

      Bernie a juste à avoir sa propre île privée avec des mercenaires, comme Desmarais à Sagard s’il ne veut pas de «la plèbe».

      C’est justement lorsqu’il y a des problèmes que les droits sont importants, si on les suspend au moindre motif pour l’ordre, on est plus dans une société de droit. Est-ce que la loi martiale a été appliquée aux EU après l’assassinat de Kennedy, de Malcolm X ou de Martin Luther King?

      Pourquoi l’habeas corpus, lui, serait-il suspendu pour un GP?

      Pour rendre ça plus clair, voici le témoignage d’Isabelle Larrivée:

      Journée de purge idéologique

      Partie à 9 h 45 avec un copain et mon fils. Direction : métro Parc, puis, Île Ste-Hélène. J’avais une folle envie de prendre le métro ce matin. Surtout après avoir lu Carrés rouges : vos papiers, paru dans le Devoir. J’ai avisé mon fils : viens-tu avec maman te faire arrêter ?

      Je porte le carré rouge. J’ai pris la peine de mettre un t-shirt de couleur claire, pour qu’il soit bien en évidence. Bien sûr, il y a quelques jours, dégoûtée par la banalisation touristique du carré rouge qui avait cours aux Francofolies, je me disais qu’un symbole vidé de son sens ne méritait plus d’être un symbole. La recrudescence de profilage à l’endroit des porteurs du carré rouge est venue fouetter avec vigueur mes convictions.

      Deux policiers discutent à l’entrée du métro. Ils ne regardent pas ce qui se passe. Ils sont là. On rentre dans le métro. On descend. Une jeune fille me tape sur l’épaule et me dit gentiment madame, vous risquez d’avoir des problèmes avec votre carré rouge aujourd’hui dans le métro. Ah ! merci de m’en prévenir, mais je le sais. Elle me regarde en riant et me montre du pouce qu’elle est d’accord avec moi. Elle n’a pas mis le sien.

      Je me dis qu’on va bien se faire interpeler à Jean-Talon. Il y a des flics en plus grand nombre, c’est vrai, mais nous traversons les couloirs sans problème. Outre quelques lumineux dossards jaunes fluo qui se profilent à l’horizon, un ici, un là, telles des comètes égarées, la pléiade policière n’est pas encore au rendez-vous.

      D’une station à l’autre, entre Jean-Talon et Berri, on voit le nombre de policiers sur les quais augmenter ostensiblement. À Berri, c’est dans une mer jaune fluo que l’on débarque. Ils sont partout. Ils sont jeunes, c’en est affolant. Si on leur enlevait l’uniforme, ils pourraient être des étudiants regroupés à Émilie-Gamelin, le soir. Ils forment des rangées sur le quai, des rangées le long des escaliers, des rangées de part et d’autre de l’accès aux escaliers mécaniques. Madame, est-ce qu’on peut fouiller votre sac ? Des quantités de personnes ont sur l’épaule des glacières, ou traînent des sacs sur des roulettes, mais on ne leur demande pas s’ils acceptent qu’on fouille leur sac. On prend soin des gens du Grand Bris.

      J’ai apporté un livre qui s’intitule : Les désorientés. Pendant un moment, j’ai peur que ces jeunes argousins incultes (pléonasme) soient victimes d’un accès de paranoïa et qu’ils croient que je me documente sur eux. Un peu comme les douaniers au Maroc, il y a quelques années, avaient saisi la commande de livres d’un libraire casablancais parce qu’il y avait parmi les bouquins Les mains sales, de Sartre. Allez savoir pourquoi ! Mais non. Incultes, ils le sont jusqu’à l’os. Je pense qu’ils ne savent pas ce qu’est un livre. Eux, ce sont des explosifs ou des projectiles qu’ils cherchent. Des armes bien plus redoutables qu’un livre. Je les laisse avec leurs certitudes.

      Puisqu’ils ne trouvent « rien » dans mon sac, ils me souhaitent bonne journée, et je descends jusqu’au quai de la ligne en direction de Longueuil. C’est leur planque, j’ai compris. Bien sûr, j’y allais pour ça. Pour être sur ce quai, pour y monter à 10 h 30 précises, en même temps que tous les autres comme moi venus protester contre la tenue de cet événement odieux, infect, lamentable, minable et sexiste en plus. Cet événement qui s’adresse à une élite pourrie par le fric sous la gouverne d’une momie aux sympathies fascistes, événement bruyant, polluant et en un mot : inutile ! Un événement qui ramasse tout ce qu’il peut y avoir de racaille, y compris bien sûr les demandeurs d’injonctions et les défenderesses d’accès aux cours malgré des grèves votées à la majorité. On les a vus sur des photos, tout heureux d’être contents, à trinquer avec d’autres moins que rien par un beau soir de cocktail d’ouverture du Grand Bris.

      Autre fouille en arrivant au couloir pour Longueuil. Sur le quai de Berri en direction de ce qu’ils appellent le parc Jean-Drapeau, mais qui n’a jamais été pour moi autre chose que l’Île-Ste-Hélène, j’attends le prochain métro. Pas un chat n’a son carré rouge. Je me sens seule. Je regarde : je ne retrouve aucun des habituels complices de manifs, ceux qui s’habillent un peu comme moi, qui ne mettent pas de parfum à 300 piastres, de t-shirts empesés à l’effigie des grandes pétrolières, de pantalons en synthétique stretch, qui ne sont pas munis de leur kit de pique-nique hyper sophistiqué incluant panier, sac isotherme, glacière, nappe, plaid, tapis, couverture, mallette, valise, kit barbecue ….

      Je m’adosse au mur, face à la rame de métro. Il est 10 h 30 et je ne vois rien qui se prépare… le métro arrive. Je reste adossée. Un, puis deux, trois et enfin quatre policiers s’approchent. Mon copain, mon fils et moi, on doit faire à nous trois un maximum de 385 livres, à tout casser. Mais eux, si on additionne les individus, leur uniforme réglementaire assorti d’un gilet pare-balle intégré, d’un dossard jaune fluo, d’une matraque, d’un outil de communication genre talkie-walkie et de tout ce qu’il peuvent aussi cacher dans leurs poches, ils pèsent beaucoup plus lourd que nous trois. Ils nous disent faut monter dans le métro. J’attends quelqu’un vous n’avez pas le droit comment ça j’ai pas le droit ? J’ai pas le droit d’attendre quelqu’un sur le quai du métro ? Non pas aujourd’hui. Ben j’étais pas prévenue et j’ai donné rendez-vous à quelqu’un ici, alors j’attends. Pendant ce temps, le chef des quatre jette derrière lui un petit coup d’œil sur le métro qui est arrivé. Il voudrait bien que j’y monte tout de suite, mais moi je ne veux pas si vous ne montez pas on va devoir vous raccompagner en dehors du métro après avoir fait la loi dans nos cégeps et nos universités vous voulez faire la loi dans le métro ? Madame, il faut monter immédiatement dans le métro et là, j’ai envie de rire parce qu’il ne faut tenir que quelques secondes encore pour qu’il n’ait pas eu raison. J’ai rendez-vous avec un ami, et je… je vois derrière lui les portes du métro se refermer, je vois qu’il s’en aperçoit et que ça le fait chier. Il me dit que je dois obligatoirement rentrer dans le prochain métro et je lui dis, on verra. Il est visiblement fâché et s’éloigne avec ses sbires parler à un autre fluo.

      Entre-temps, mon fils, qui s’évertue à me montrer qu’il a 13 ans depuis ce matin et qui me gonfle, devient nerveux, et me dit qu’il préfère rentrer. Je lui dis qu’avec une gueule pareille, j’aime mieux moi aussi qu’il rentre. Le prochain métro arrive et deux gentils accompagnateurs nous escortent jusqu’à l’intérieur du wagon. Pas de problème. Avant de quitter toute l’équipe du quai, je leur dis qu’ils ne sont pas en règle parce qu’ils n’affichent pas leur numéro matricule. On s’assoit. Je vois qu’il se passe quelque chose sur le quai. Je me lève et regarde. Une agente se place devant la porte, les bras et les jambes ouverts de manière à obstruer le passage. Je me rends compte de sa subtile manœuvre et lui dis ah ! elle est bien bonne celle-là ! vous pensiez que je voulais ressortir ? Vous êtes maline, hein ? Derrière moi, son collègue me dit : avez-vous vos billets pour assister à la Formule 1? Je glousse. Monsieur, la seule formule que je connais, c’est celle que je donnais à mes enfants quand ils étaient nourrissons. Je vous pose une question simple madame. Avez-vous vos billets pour assister à la Formule 1? Je n’ai pas à vous répondre. Nous, tout ce qu’on veut, c’est de faire en sorte que les choses se passent bien. Oui, j’ai compris, un policier par usager du métro, armé de surcroît, ça risque de bien se passer monsieur. Comme dans les manifs le soir ! Il lève les yeux au ciel. Je n’ai rien compris, évidemment !

      Arrivés à l’Île-Ste-Hélène, on trébuche dans les policiers. Pas moyen de faire un pas sans se cogner à eux. On est toujours flanqués de deux fluos en arrière, qui s’assurent qu’on va bien sortir, et pas revenir de l’autre côté. À la sortie, c’est presque une farce, on nous fouille encore. Puis, on va se perdre dans le parc, on se trouve un coin pour lire. Dans l’étang coassent des grenouilles. Ou bien sont-ce des crapauds ? Ou bien des Ouaouarons ?

      Au retour, sur un sentier, un photographe, le trépied sur l’épaule, nous voit venir et nous dit : attention, avec votre carré rouge, vous allez vous faire arrêter. Ils viennent de faire plusieurs arrestations. Ok, merci monsieur. On s’avance. En fait, je pense qu’on s’en fiche. On va bien voir. Juste à l’entrée du métro, un vieux monsieur nous dit qu’on va se faire poigner, qu’on devrait enlever notre carré rouge. On lui dit merci monsieur, on verra bien. On rendre dans le métro bourré de policiers, cordés en lignes comme des petits poissons des chenaux, et nous, on s’avance, légers, en marge de cette haie de déshonneur. On traverse environ trois cordons de flics. On rentre dans le métro, on parle de littérature, on rigole. Deux flics par wagon. Qui nous signifient qu’ils nous ont à l’œil et nous on tremble tellement on a envie de rire.

      À Berri, au retour, on croise trois jeunes avec le carré rouge. Je leur demande s’ils se sont fait écœurer. L’un d’eux, un photographe, me raconte qu’ils se sont fait tasser au métro Jean-Drapeau, ils étaient plusieurs et ils ne portaient pas le carré rouge. On a parlé un peu de la répression qui s’installe partout, de l’autorisation que se donnent désormais les policiers pour enfreindre les lois et leurs obligations, comme celle, par exemple, de s’identifier, pour poser des questions inopinées, pour bousculer, pour imposer l’autorité.

      Retour à la maison. Mon fils me raconte qu’à son départ, un policier lui a interdit de reprendre le métro dans l’autre direction. J’ai quand même le droit de rentrer chez moi ? Pas par ici, ce n’est pas sécuritaire. Sauf le respect que je dois à votre uniforme, monsieur, c’est par ici que je veux passer. Bonne fin de journée. C’est quand même un gentleman, ce garçon !

      Ma fille arrive une heure plus tard. Elle revient de la Rive-Sud. Elle a pris la peine d’enlever son carré rouge. Métro Longueuil : un policier l’intercepte. Il veut fouiller son sac. Elle râle. De quel droit vous voulez fouiller mon sac ? Elle lui offre en rigolant les biscuits qui s’y trouvent. Il lui demande où elle va ? Elle lui dit que ça ne le regarde pas. Il insiste. Pose d’autres questions. Elle s’énerve : voulez-vous la date de mes dernières règles avec ça ?

      Toute la famille s’est fait écœurer dans le métro aujourd’hui. Sans parler des centaines d’autres dont on a ouvert le sac, que l’on a interrogés. Et il ne suffit pas d’avoir porté le carré rouge : ce qui ressemble à un étudiant est susceptible d’être passé au cash. C’est la pensée qu’ils veulent éradiquer. Celle qui consiste à remettre en cause l’ordre établi. À questionner la place des passagers. À déranger la composition du bouquet. À interroger l’arrangement collectif. Si tu ne dis rien, si tu les laisses t’escroquer jusqu’à la moelle, si tu fermes les yeux sur la nébuleuse de leur pouvoir abusif et tentaculaire, si tu feins de ne jamais réfléchir, de n’avoir pas de langue pour parler, de colère pour crier, si tu fermes ta gueule, jamais tu n’auras à subir leur harcèlement, leur vindicte, mais tu seras dans l’injustice la plus absolue, tu devras tolérer le monde corrompu qu’ils te proposent. Voilà ce qu’ils m’ont dit aujourd’hui. Voilà ce que j’ai compris.

      Je pense que si mon ami et moi avions eu 20 ans, nous ne serions certainement pas allés très loin dans ce voyage en métro. Nous ne sommes pas une menace pour l’avenir, pour un avenir éloigné et nous ne faisons pas officiellement partie du cercle restreint des contestataires étudiants. Ils se trompent, bien sûr, car ils fonctionnent sous le dictat du préjugé. Mais je me demande quand même où on va, en ce moment, dans notre petit train social ?

  12. L'engagé dit :

    Preuve supplémentaire que les abus ne sont pas dans les fumigènes ou dans le bicarbonate de soude :

    Tiré de «Le Délit»

    Arrêté pour cause de journalisme

    Aujour’hui, jour de Grand-Prix à Montréal, Le SPVM a procédé à une trentaine d’arrestations préventives en vertu de l’article 31 du code criminel à l’Île Sainte Helene. La majorité des personnes a été libérée, seulement deux ont été emmenés au poste pour la continuation de l’enquête et pour de possibles charges criminelles. Couvrant l’événement pour Le Délit, je n’ai pas échappé pas aux arrestations.
    Ce matin, accompagné de Zachary Bell, journaliste indépendant venu depuis la Philadelphie, je me dirige vers l’Île sainte Hélène pour couvrir, comme au cours des trois derniers jours, les événements entourant le Grand Prix de Formule Un de Montréal. Lors de notre arrivée, la station de Métro Berri-UQAM était remplie de policiers du Service de Police de Montréal (SPVM). Aussitôt entrés dans le souterrain, un responsable de la Société de Transports de Montréal (STM) nous annonce que nous n’avons pas le droit de prendre des photos dans le métro. Nous acquiesçons. On continue de marcher pour s’arrêter suite à l’interpellation par le même employé, qui arrive en courant et nous annonçant que finalement «les journalistes ne sont pas admis dans le métro a cette heure-ci aujourd’hui.». Il appelle un agent de la SPVM et lui demande de nous escorter à l’extérieur. Échange de mots. Nous réussissons à continuer notre chemin. Une fois sur la ligne jaune, on constate que les policier empêchent toute personne de rester sur les quais suite au passage d’un train «pour des raisons de sécurité -quelqu’un pourrait tomber dans les rails». Deux agents se trouvaient à bord de chaque wagon de la ligne jaune.

    Une fois sur l’île, on fait face à plusieurs lignes de policiers. Carte de presse bien en vue, on passe la première ligne pour voir des gens, la plupart dans la vingtaine se faire fouiller et/ou se faire demander de quitter les lieux. C’est en interviewant quatre de ces personnes que le SPVM me demande ce que je fais sur l’île et si je «possède des billets pour la course». Je réponds que nous couvrons les événements entourant le grand prix en tant que journalistes. Même question qu’à l’habitude: «Êtes-vous membre de la FPJQ?». Même réponse: «non». Il est important de noter qu’aucun journaliste n’a l’obligation d’être membre de la Fédération. Ce n’est ni un ordre ni un titre.

    Le SPVM m’ordonne alors de quitter les lieux. Je leur dit que je préférerais rester pour faire mon travail. Deux des policiers me saisissent par les coudes et m’emmènent plus loin. Je leur demande à plusieurs reprises si je suis en état d’arrestation, question à laquelle ils ne répondront tout simplement jamais. La lecture de mes droits est autre chose que je n’entendrais pas durant la durée de la rétention, soit près d’une heure.

    J’avais en ma possession ma caméra et un sac. Tout en mettant leurs mains dans mes poches, les deux agents m’ordonnent de leur donner mon outil de travail et mon sac pour procéder à une fouille. Je leur fait savoir verbalement mon refus à toute fouille. Un des deux policiers s’empare des deux objets, alors que l’autre me tord le bras derrière le dos. Lorsqu’on arrive au périmètre de sécurité érigé sur le site, les policiers me menottent. Je demande à avoir leur numéro de matricule. Il faudra que je patiente jusqu’à l’arrivé de leur supérieur, l’inspecteur Alain Simoneau, et près d’une heure d’attente pour l’avoir, 5376 et 5308.

    L’inspecteur Alain Simoneau, travaillant dans le dossier des manifestations du mouvement étudiant depuis ses débuts, vient rencontrer les détenus. Lorsque je lui fais part de ma présence, il m’assure que je serais relâché suite à une rencontre avec l’enquêteur. Ses dires s’avèrent véridiques. L’inspecteur Simoneau me permet de rester sur le site à condition que je reste aux côtés d’un des membres de l’équipe des relations médias du SPVM. Finalement je reste seul, l’équipe de relationnistes étant trop occupée. Avant de partir, l’inspecteur Simoneau m’annonce que je recevrais une contravention par courrier postal «mais, peut-être qu’on n’enverra rien». On ne m’a pourtant jamais informé avoir été accusé d’aucun type d’infraction.

    C’est en même temps que tout le monde que j’apprends finalement mon sort. Les relations médias du SPVM annoncent publiquement que «les personnes arrêtées puis libérées sous l’article 31 ne font face à aucune charge et sont libérées sans condition ni contravention». Simon Delorme, relationniste médias du SPVM, explique les arrestations et la fouille auquels j’ai été soumis en nous disant que l’article 31 est un «article global du code criminel qui permet au agents de procéder à une arrestation selon leur jugement [et qu’ils] sont sous l’obligation de procéder à une fouille suite à toute détention pour la sécurité des gens».

    http://www.delitfrancais.com/2012/06/10/arrete-pour-cause-de-journalisme/

    e Délit est un journal francophone hebdomadaire, produit pendant les semestres d’automne et d’hiver par les étudiants de l’Université McGill et distribué à différents points sur le campus, au centre-ville de Montréal. Le journal est indépendant de l’administration de l’Université et de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM).

    Le Délit est financé en partie par les étudiants de McGill qui contribuent 5$ par semestre à la Société de publication du Daily (SPD). La SPD est responsable de la publication du Délit et de sa consœur anglophone, le McGill Daily

    • crioux dit :

      Tu fais pas la différence entre journal et outil de propagande?

      • L'engagé dit :

        Si, et je suis prêt à défendre les différents témoignages que j’ai publiés sur votre blog et à débattre des différentes allégations véhiculées dans ceux-ci.

        Je connais personnellement une quelques militants, étudiants, parents et travailleurs qui ont pris la peine de manifester leur indignation lors des activités liées au Grand Prix.

        Je connais aussi des gens qui étaient prêts à faire de la désobéissance civile, sans vandalisme, sans violence. Toutefois le fait de d’être prêt à faire de la désobéissance civile, surtout si cette dernière ne trouble pas la paix n’ouvre pas la porte à toutes les dérives policières :

        Pouvoirs d’arrestations
        Le Code criminel ne permet pas les arrestations préventives, affirme de son côté Me Marie-Ève Sylvestre, professeure à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et membre du comité du Barreau du Québec sur les droits de la personne. Les pouvoirs d’arrestation des policiers sont encadrés par l’article 31 de ce code, prévoyant qu’un agent de la paix «est fondé à arrêter un individu qu’il trouve en train de commettre la violation de la paix ou qu’il croit, pour des motifs raisonnables, être sur le point d’y prendre part ou de la renouveler». L’interprétation avancée dans la réponse du Canada pour justifier les arrestations préventives va «à l’encontre d’une jurisprudence constante depuis quelques années indiquant que des arrestations doivent être faites lorsqu’il y a un acte criminel constaté», considère Me
        Sylvestre. Pour elle, le simple fait de faire partie
        d’un groupe de manifestants pacifiques parmi lesquels se trouvent des vandales ne peut justifier une arrestation basée sur l’article 31 du Code criminel.

        Crainte que la paix ne soit troublée
        Dans sa réponse, le Canada avance que l’infraction de participation à un attroupement illégal au sens des articles 63 et 66 du Code criminel peut limiter le droit des personnes de s’exprimer librement lors d’une manifestation et suggère ainsi que cette infraction peut justifier une arrestation. L’article 63 définit cette infraction comme étant la participation à une réunion d’individus dans un but commun qui se «conduisent, de manière à faire craindre, pour des motifs raisonnables […]

        a) soit qu’ils ne troublent la paix tumultueusement;
        b) soit que, par cet attroupement, ils ne provoquent inutilement et sans cause raisonnable d’autres personnes à troubler tumultueusement la paix».

        Ces dispositions ne permettent pas d’arrêter « des gens pacifiques à côté des vandales, sauf s’ils se comportent de manière à faire craindre qu’ils vont troubler la paix, dit Me Sylvestre. Il faut établir un lien entre les personnes violentes et les autres ». Par ailleurs, la réponse du Canada n’explique pas comment l’infraction de participation à un attroupement illégal pourrait servir à justifier l’arrestation d’une centaine de jeunes qui dormaient dans
        un gymnase où qui déambulaient tranquillement dans la rue en dehors de tout contexte de manifestation.
        L’interprétation du Canada de ses pouvoirs d’arrestation donne à penser qu’il veut tenter de renverser la jurisprudence actuelle au sujet des articles 31 et 6

        Voilà ce qu’avait à en dire Le Journal du Barreau du Québec : http://www.barreau.qc.ca/pdf/journal/vol43/201105.pdf

        Est-ce que le Journal du Barreau c’est de la propagande?

        De nombreux témoignages corroborent ceux que j’ai publiés ici, même les médias officiels parlent d’arrestations préventives.

        La question n’est pas ces témoignages sont-ils vrais?, ils le sont et quiconque a été dans les manifs, à MTL, sait que la police a souvent chargé sans raison, gazé sans provocation, matraqué sans altercation et utilisé les grenades assourdissantes sans raison. Elle se sert de l’arbitraire de l’attroupement illégal pour justifier sa répression.

        Vous ne dénoncez pas une telle dérive parce qu’elle vous arrange politiquement, sans reconnaitre qu’en dépit de votre désaccord idéologique (que j’accepte et comprends) qu’elle est inacceptable.

        Cette répression violent, abusive et exacerbée n’a d’autre but que restreindre l’expression et l’association de ceux qui s’opposent aux politiques du gouvernement. Ce n’est pas parce que vous croyez que le gouvernement a raison que cela justifie tout les abus.

        À la place vous renforcez la propagande (puisque vous en parlez) gouvernementale, laquelle exagère la menace pour jouer sur les mots.

        Les premières victimes de la violences sont les manifestants et les étudiants dont on cherche à museler l’expression et pour se faire on a muselé la liberté de circulation ce week-end.

        Tout ça pour ne pas voir une banderole opposée au néo-libéralisme sur la piste du Grand Prix. Il aurait pourtant fallu la voir la et capturer les initiateurs de ce geste pour cette incartade précise. À la place, la police a abusé de ses droits pendant 4 jours.

Laisser un commentaire